Rapport Piketty

jeudi 7 octobre 2004
par  Sud éducation 66

Plus l’effectif de ta classe est léger, plus les chances de "réussite" des élèves sont grandes.

C’est une telle évidence pour les enseignants, acteurs de terrain !

Les divers rapports d’expertises émis sur ce sujet durant les 20 dernières années confortaient peu ce point de vue et plaçaient dans une expectative confortable les décideurs politiques en matière d’éducation.

En est témoin le rapport Meuret* (références ci-dessous), qui en fait un bilan si fade.

Enfin est sorti, en mai 2004, un travail auquel devraient se référer bien des ministres de l’Education Nationale. Nous pouvons enfin certifier qu’il y a un lien de causalité entre les conditions de travail des élèves (et des enseignants) et leur résultats… en matière d’effectif !

Vive le XXI° siècle !!!
Voici le résumé (fait par l’auteur) du rapport Piketty (environ 70 pages).

L’impact de la taille des classes et de la ségrégation sociale sur la réussite scolaire dans les écoles françaises :
une estimation à partir du panel primaire 1997

Thomas Piketty -MAI 2004
Directeur d’Etudes à l’EHESS
Chercheur à l’ENS

Résumé :

Cette étude utilise les données du panel primaire 1997 et exploite les discontinuités liées au franchissement des seuils d’ouverture et de fermeture de classes pour estimer l’impact des tailles de classes réduites sur la réussite scolaire.

Nous mettons en évidence grâce à cette méthode des impacts positifs nettement plus élevés que ceux supposés habituellement. Une réduction d’un élève par classe de la taille de CE1 conduit à une augmentation de 0,7 point du score obtenu par les élèves défavorisés aux évaluations de mathématiques de début de CE2.

D’après nos estimations, la légère politique de ciblage des moyens actuellement en vigueur en faveur des Zep (taille moyenne des classes de 21,9 en Zep, contre 23,3 hors Zep) permet de réduire d’environ 10% l’écart de réussite entre Zep et non-Zep. Surtout, cet écart pourrait être réduit de 40% si l’on mettait en place un ciblage fort (mais pas irréaliste), avec une taille de classe moyenne de 18,0 en Zep et 24,2 hors Zep.

Nous mettons également en évidence un impact négatif de la ségrégation scolaire, quoique sensiblement plus faible que celui des tailles de classe réduites.

Nos résultats indiquent que la modestie des politiques de ciblage des moyens peut difficilement se justifier par l’idée selon laquelle de telles politiques ne marchent pas.

Je remercie la direction des études et de la prospective (DEP) du Ministère de l’Education Nationale, et tout particulièrement Jean-Paul Caille, Sophie O’Prey, Franck Petrucci et Fabienne Rosenwald (sous-direction des études statistiques), ainsi que Laurence Dauphin et Jean-Claude Emin (sous-direction de l’évaluation), pour l’aide qu’ils mont apportée lors de l’exploitation des fichiers de données utilisées dans cette recherche. Les résultats de cette étude n’engagent que leur auteur, et ne sauraient en aucun cas engager la DEP. Tous les commentaires sont les bienvenus (piketty@ehess.fr ou piketty@ens.fr).

Francis Maury

références :
*Les recherches sur la réduction de la taille des classes : rapport suivi de l’avis du Haut conseil de l’évaluation de l’école-Denis MEURET-HAUT CONSEIL DE L’EVALUATION DE L’ECOLE-Janvier 2001