Élections professionnelles : le combat était-il bien là ?
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La semaine de vote dans l’Éducation nationale pour les élections professionnelles est enfin terminée. Ouf, pourrait-on dire, vu le travail que nous a donné le long et fastidieux processus électoral mis en place par le MEN : le vote électronique. Reconduit cette année encore pour la deuxième (seconde ?) fois, ce système de vote a encore montré ses faiblesses, ses difficultés, ses absurdités, son incongruité, bref, son inefficacité, sauf dans un domaine, l’abstention : 58,27% !
Entre le fait que beaucoup de collègues n’aient pas pu voter pour différentes raisons, que nos boîtes professionnelles soient envahies de mails syndicaux et non syndicaux, que la procédure soit d’une complexité sans nom, toute cette période de campagne électorale aura au moins eu le mérite pour le ministère de nous avoir endormis : pas de revendication, plus de manifestation ni de grève, aucune action contre telle ou telle classe surchargée ou supprimée, contre une rentrée sur laquelle il y aurait eu beaucoup à dire… Bravo au ministère d’avoir réussi dans ce domaine !
Dans l’Éducation nationale, les résultats ne sont pas favorables à notre syndicat, qui, même si nous gagnons des voix, se fait doubler par un syndicat dont nous ne partagerons jamais la vision de l’éducation. Nous pouvons toujours nous poser des questions sur la façon dont nous pouvons être perçus par les collègues, cela ne nous empêchera pas de proposer un autre syndicalisme pour une autre société, un syndicalisme de lutte et de transformation sociale, un syndicalisme intercatégoriel. Même si nous n’avons plus d’élu au CTM ni au CTA dans de nombreuses académies, dont celle de Montpellier, nous continuerons à nous battre pour une école émancipatrice, contre des rapports hiérarchiques oppressants et infantilisants, pour une société qui ne met pas l’économie et le capitalisme au-dessus de l’homme.
Dans l’Enseignement Supérieur, nous obtenons un siège au CTM et au CTU. Une bonne nouvelle pour un syndicat qui veut être présent « de la maternelle à l’université » !
Nous nous réjouissons également des résultats consolidés de l’Union syndicale Solidaires dans les trois versants de la Fonction Publique où elle conforte ses positions, en augmentant même son nombre de représentants au Conseil Commun de la Fonction Publique. Dans de nombreux secteurs de la Fonction Publique, Solidaires a su convaincre les électeurs qu’un autre syndicalisme était possible. À nous de pouvoir le faire dans l’Éducation nationale !
Le combat continue… Dans un premier temps, nous avons décidé, dans de nombreuses académies et au niveau national, de déposer des recours en annulation auprès de la ministre et des recteurs, afin de montrer notre désapprobation concernant la tenue et les résultats de ce vote électronique, avec un mot d’ordre essentiel : le retour du vote à l’urne et l’abandon de ce mode de scrutin inique qu’est le vote électronique. Nous envisagerons ensuite en toute démocratie des recours devant la justice administrative. Mais le combat ne s’arrête pas aux élections : partout en France, SUD éducation sera toujours aux côtés de tous ceux qui se battront contre ceux qui cultivent la pauvreté et la précarité de l’existence humaine, contre un gouvernement qui n’arrêtent pas de faire des cadeaux au patronat, contre des patrons voyous qui s’engraissent sur le dos des salariés… Oui, les capitalistes nous coûtent chers ! Oui, une autre société est possible !
Emmanuel Peroy