Pujol contre les ELCO : une instrumentalisation nauséabonde
par
Héléna Molin
État des lieux des ELCO à Perpignan
Sur l’ensemble du territoire national, les ELCO s’adressent à 85 000 élèves. Dans les Pyrénées-Orientales, environ 900 élèves suivent un ELCO, dont un peu plus de 700 sur Perpignan. Une quinzaine d’écoles sont concernées par leur mise en œuvre. Trois langues sont proposées dans le département : l’arabe algérien, l’arabe marocain et le turc.
Les ELCO dans le viseur de Pujol depuis 2016 !
En février 2016, à la faveur d’une polémique concernant un enseignant officiant dans plusieurs écoles de Perpignan, Jean-Marc Pujol exprime publiquement son opposition à ces enseignements sur son blog et dans plusieurs médias du département. C’est le début du bras de fer entre la mairie de Perpignan et la DSDEN des Pyrénées-Orientales. À la rentrée 2016, M. Pujol envoie un courrier au DASEN afin d’exprimer son opposition aux ELCO.
Des précédents : la police municipale dans un cours d’ELCO à Six-Fours dans le Var !
La démarche de M. Pujol n’est pas isolée. À la rentrée 2016, , suite à la plainte d’une mère d’élève, le maire de Six-Fours envoie la police municipale remettre un pli à l’enseignant d’ELCO... en plein cours devant les élèves ! Comme M. Pujol, il envoie en parallèle un courrier à la DSDEN. Le préfet du Var saisit alors le Tribunal Administratif pour suspendre cette décision. Le tribunal conclut ne pas pouvoir suspendre la décision car elle se borne à notifier le refus de la signature de la fiche d’installation de l’enseignant et que rien n’a été mis en œuvre pour empêcher effectivement la tenue des cours. Cependant deux passages tirés du jugement permettent de bien montrer le caractère illégal de toute tentative par une mairie de fermer les locaux aux ELCO : c’est d’une part se soustraire aux obligations d’un maire vis-à-vis de l’autorité académique, mais c’est également contraire au droit à l’éducation de l’enfant !
Rentrée 2017 : Une situation inédite à Perpignan ! Le maire passe à l’acte !
Il ne s’agit pas simplement pour M. Pujol d’utiliser des procédés mesquins tels que le refus de chauffer les locaux des écoles où les cours ont lieu un mercredi, mais d’aller jusqu’à cadenasser les grilles afin que l’enseignant d’ELCO ne puisse accéder aux locaux, comme ce fut le cas à l’école Victor Duruy ! Nous serions très intéressé·e·s de voir quelle serait la décision du tribunal administratif face à ce cas d’école !
Des arguments tous plus fallacieux et de mauvaise foi les uns que les autres...
Un maire désobéissant, en soi, ça pourrait bien nous plaire à SUD ! Mais pas quand la désobéissance se fonde sur des “valeurs” auxquelles nous sommes farouchement opposé·e·s et sur des arguments fallacieux.
Il y a tout d’abord les arguments plus émotionnels que rationnels : « le renforcement du communautarisme » (blog de M. Pujol) ou « le soupçon de prosélytisme » (Mme Beaufils dans L’Indépendant du 9/12). Mais de quel communautarisme parle donc M. Pujol ? Quand il s’agit d’ouvrir de nouvelles écoles bilingues à Perpignan, il ne semble pourtant pas effrayé par une possible dérive communautariste ! Évidemment nous ne nous opposons absolument pas au bilinguisme français/catalan, nous soulignons juste l’incohérence (ou l’hypocrisie) des propos de M. Pujol sur les ELCO. Quant à la méfiance de Mme Beaufils, espérons que l’encadrement du dispositif par l’Éducation nationale la rassure.
Il y a ensuite l’argument d’apparent “bon sens” pour persuader l’électeur plus bleu clair que bleu marine : la fausse alternative entre les ELCO et l’enseignement du français. Comme si l’existence des ELCO, qui ne s’adressent qu’à un nombre limité d’élève et qui ne coûte quasiment rien au budget de l’Éducation nationale, pouvait avoir une quelconque incidence sur les résultats déclinants de nos élèves dans la maîtrise du français !
Étant donné ce regain d’intérêt de M. Pujol pour l’alphabétisation des migrants et pour l’amélioration des conditions d’enseignement dans le premier degré, nous attendons ses prochaines annonces sur l’augmentation des subventions aux associations d’aide aux migrants et sur l’augmentation du budget alloué aux écoles de Perpignan qui voient années après années se réduire le nombre de séances de piscine ou encore les interventions des animateurs culturels de la ville !