UNE BONNE RENTRÉE LIBÉRALE

lundi 14 septembre 2009
par  Sud éducation 66

Par Patrice Bégnana

Libéral, notre nouveau ministre s’est immédiatement après sa nomination fait le chantre du dogme fondamental de son prédécesseur : un bon ministre se doit de supprimer le plus de postes possibles. Aussi a-t-il immédiatement endossé le projet de 16 000 nouvelles suppressions de postes. On a pu estimer que cela portera à 50 000 le nombre de postes supprimés, ou plutôt pour parler la langue officielle, économisés, depuis 2002.

Libéral, un ministre dont la formation est celle du marketing. Comment pourrait-il ne pas posséder une fine compréhension des problèmes de l’éducation qui, jusque là, ne l’avaient jamais intéressé ?

Libéral, même en ce qui concerne l’orthographe…

Pendant ce temps, les effets de la politique libérale se font sentir. Des tensions dans les remplacements des professeurs absents, des options qui disparaissent lentement mais sûrement, des effectifs un peu plus lourds dans certaines zones, la multiplication des postes sur plusieurs établissements, les amicales pressions pour que chacun ait le plus d’heures supplémentaires possible, des officines privées qui prospèrent et peuvent étaler leur prétention pédagogique à l’ombre d’avantages fiscaux consentis par l’État, une destruction de la carte scolaire qui laisse sur le carreau des élèves ou les met dans des situations difficiles.

La propagande n’est pas en reste. Ainsi le gouvernement veut-il que les fonctionnaires malades soient mieux contrôlés afin de faire la chasse aux fausses maladies. Mesure annoncée non pas pour être mise en œuvre, mais pour jeter en pâture à un certain électorat, l’image du rond de cuir qui ne fait rien ou de l’enseignant toujours en vacances. Ainsi le gouvernement creuse-t-il le déficit – 8% pour l’année prochaine – en aidant toujours plus ceux qui gagnent plus, tout en répétant inlassablement que la France vit au dessus de ses moyens, que le service public est un pur coût, une pure dépense qui ne produit jamais le moindre effet positif.

Et enfin l’annonce de la Réforme, la Déesse du libéralisme, la promesse d’une sorte de paradis débarrassé de toutes les dépenses publiques, où le service public se ferait gratuitement, où il n’y aurait plus aucun impôt, où l’intérêt privé gouvernerait toutes les relations humaines, où chacun serait un capital à faire fructifier et verrait dans les autres des concurrents, l’annonce de la Réforme qui sera cette année celle du lycée et du recrutement des professeurs est l’horizon qui permet la basse besogne.

Dans les faits, les réformes réelles vont toutes dans le même sens : travailler plus pour gagner moins, être surveillé par des petits chefs qui bientôt pourront punir les récalcitrants lorsqu’ils seront transformés en chef d’entreprise sans aucune responsabilité, permettre lentement et sûrement au pur privé d’avancer ses pions en détruisant les conditions d’une instruction convenable.

L’air du temps ne semble pas à la lutte. Une certaine résignation semble s’installer dans les esprits. Le repli individualiste et narcissique le dispute parfois au cynisme le plus vulgaire chez les chantres du bon vieux temps.

Et pourtant, la grossièreté de la propagande gouvernementale ne peut que lasser toujours davantage. L’opinion est loin d’être dupe.

Gageons que la lutte nécessaire à laquelle nous travaillons permettra non seulement de résister mais surtout de transformer réellement l’école en autre chose qu’une machine de relégation sociale.