Statuts

vendredi 6 décembre 2013
par  Sud éducation 66

par Patrice Begnana

Après la pseudo-réforme des rythmes scolaires qui décharge l’État de ses obligations pour les confier aux pouvoirs locaux afin d’accroître les inégalités, le ministre s’attaque aux statuts des professeurs du secondaire qui existent depuis 1950. Comme toujours, les intentions paraissent louables. Égalité, aide aux plus défavorisés. Comme toujours la réalité visée est la même : inégalité, soumission aux lois du marché, bref, néolibéralisme.

Du côté de l’égalité, on trouve la suppression d’une multiplicité d’heures de décharges (cabinet d’histoire, heure de vaisselle lorsqu’il n’y a pas de personnels de laboratoires pour les professeurs de physique et de SVT, etc.), l’égalité pour la première chaire (elle ne sera plus de droit pour les professeurs de philosophie), le service en classes préparatoires égal pour tous (10h pour tous à la place de 8h ou 9h pour certains).

Quant à l’aide aux plus défavorisés, elle amène comme nouveauté, une heure de décharge pour quelques professeurs enseignant en ZEP. Combien  ? Une diminution du nombre d’établissements ayant un label de l’éducation prioritaire pourra permettre de substantielles économies tout en garantissant une publicité sur les nobles intentions du ministre.Mais en réalité, cette réforme n’a qu’un but, faire travailler plus pour gagner autant sous la douce férule des autorités locales et du marché.

Aussi les bonnes vieilles ficelles sont de sortie pour faire la promotion de la « réforme  ». Brocarder les privilégiés (les professeurs de CPGE, Classes Préparatoires aux Grandes Écoles) tout en conservant, provisoirement, la division entre certifiés et agrégés. Il est clair que l’augmentation de l’horaire des premiers prépare la prochaine augmentation de l’horaire des seconds.

Pour ce qui est de la lutte contre l’échec scolaire, comment croire qu’une simple pondération de 1,1 heure avec un maximum d’une heure de décharge résoudra tous les problèmes  ? Dans le même temps sont supprimées les heures pour effectif pléthorique (à savoir une heure de décharge pour plus de 35 élèves pendant huit heures et deux heures pour plus de 40 élèves pendant huit heures). Ce qui laisse entendre comment il sera somme toute facile d’augmenter la rentabilité des professeurs  : augmenter le nombre d’élèves par classe et ceci sans aucune limite.

Pour refonder – selon la novlangue ministérielle – le projet de nouveau texte sur les statuts énonce nombre de tâches nouvelles que certains professeurs effectuent déjà. Sauf qu’elles deviennent ainsi obligatoires et s’ajoutent aux obligations horaires. Quant à ses dernières, la définition pour chaque professeur d’un horaire annuel de 1607 heures, quel que soit son corps d’origine, donne à penser que se prépare insidieusement une sorte d’annualisation des services qui permettra de rattraper les heures non faites et qui diminuera le seuil de déclenchement de paiement des heures supplémentaires, et donc la possibilité de les refuser.

Quant à la gouvernance néolibérale, elle sera assurée par le Conseil d’Administration des établissements du second degré. Il devient une instance réglementant le temps de travail des enseignants  : définition des missions communes aux différents personnels, heures de décharges spécifiques décidées par le Conseil d’Administration, primes diverses et variées. Tout cela sous le contrôle attentif du Recteur. Bref, une sorte d’extension des dérives néolibérales constatées dans les établissements Éclair deviendrait la règle pour tous.

Sud Éducation n’a jamais été favorable aux actuels statuts qui sont absurdes  : comment comprendre l’inégalité entre certifiés, vacataires, agrégés et contractuels à qui l’employeur, l’État, demande de réaliser les mêmes tâches ? Nous revendiquerons donc toujours l’égalité en termes d’horaire et de salaire à travail égal. Pour nous, c’est l’horaire le plus favorable et les salaires les plus hauts qui sont l’objectif à atteindre.

Reste que le nouveau projet Peillon est pire que ce qui existe. Il paraît donc nécessaire de lutter pour obtenir qu’une seule annonce demeure de ce projet : des décharges horaires pour l’éducation prioritaire.