STAGE DE REMISE A NIVEAU DANS LE PREMIER DEGRÉ

jeudi 12 juin 2008
par  Sud éducation 66

Par Sud Éducation Vaucluse

La réalité est plus complexe que l’approche démagogique de Darcos, Fillon, et Sarkozy qui agitent le chiffon d’une prétendue aide aux élèves en difficulté quand dans le même temps ils organisent, par la suppression de milliers de postes, la dégradation accélérée des conditions de travail et d’étude à tous les niveaux de l’Education nationale, pour tous ses personnels et pour tous ses élèves.

Les questions relatives à la difficulté scolaire et à l’échec scolaire méritent mieux qu’une campagne médiatique sur le mode « On va enfin s’occuper des difficultés de vos enfants ». Outre le mépris dont une telle mesure fait preuve envers le travail effectué par les enseignants tout au long du cursus des élèves, elle entretient une illusion. Faire croire que les difficultés scolaires, dans l’éventail de leur diversité, peuvent être réglées par une simple répétition en petits groupes de ce qui se fait habituellement en classe. Les collègues volontaires travailleront seuls, avec des élèves dont ils ne connaîtront qu’un bilan écrit de compétences. Ils devront cerner la situation avec un « challenge » de 15h pour aboutir à un résultat. Ce n’est pas notre conception du métier d’enseignant à l’école publique. Dans les écoles, les personnels ne sont pas dupes de la légèreté pédagogique qui condamne cette mesure. Il faudrait donc moins de vacances scolaires aux élèves qui trouvent la semaine déjà bien longue ?

Si 15% de nos élèves sont en très grandes difficultés à l’entrée en 6ème cela réclame des réponses. Le ministère aurait pu choisir de renforcer les Réseaux d’Aide existant en créant les postes qui manquent un peu plus à chaque rentrée dans ces structures. Il aurait pu choisir de faciliter et d’encourager les départs en formation de maîtres spécialisés et de psychologues scolaires. Il aurait pu choisir de renforcer cette aide dans les quartiers populaires. Il aurait pu choisir de redonner une véritable existence à la formation continue des personnels. Le gouvernement précédent avait choisi de casser les ZEP pour les remplacer par une « usine à gaz bureaucratique » chargée de distribuer au mieux quelques heures aux établissements.

Le Ministre Darcos met en jeu l’existence de toute une partie du dispositif d’éducation spécialisée. Il ne fait aucun doute que la mise en place d’heures supplémentaires pour traiter la difficulté scolaire rentrera en concurrence à très court terme avec l’existence des RASED. Le gouvernement a vraiment décidé que nous devions être moins nombreux pour faire le même travail, et souvent davantage. Ce sont justement les élèves les plus fragiles qui, les premiers, seront les victimes de ce tour de passe-passe qui masque une vraie régression.

De plus, dans une période de quasi-blocage des salaires cette mesure est la transposition du « travailler plus pour gagner plus » appliqué au premier degré. Elle vise à diviser les personnels en individualisant leurs salaires.

SUD éducation appelle tous les collègues à refuser de donner suite à cette aberration pédagogique. Nous appelons toutes les écoles primaires et maternelles à faire connaître publiquement leur désaccord avec cette mesure.

Nous appelons toutes les écoles à faire connaître leurs besoins en postes et en intervention de personnels spécialisés. Nous vous invitons à rédiger une motion en conseil des maîtres et/ou conseil d’école afin de faire un rapide état des lieux de votre école et des besoins que vous avez CHAQUE JOUR pour aider vos élèves et à la renvoyer à votre IEN à la place du document de l’IA.


Le CNAL (comité national d’action laïque) a fait un communiqué pour critiquer les moyens octroyés au privé à l’occasion de la mise en place des stages. Il s’est dit « scandalisé » que l’Etat accorde autant de moyens aux écoles privées qu’aux établissements publics pour organiser les stages de remise à niveau en CM1-CM2, alors qu’elles accueillent des élèves en moindres difficultés scolaires. Les écoles privées vont bénéficier d’une manne supplémentaire de trois millions d’euros. Le gouvernement a en effet décidé de leur octroyer 148 000 heures supplémentaires pour financer des stages de rattrapage à destination des élèves en difficulté. Contrairement aux écoles privées, le service public et laïque, et c’est son honneur, ne choisit pas et ne trie pas les élèves qu’il accueille. C’est donc lui qui a la charge quasi exclusive de l’accueil des plus « fragiles ».

F.M.