SARKELOI

dimanche 10 septembre 2006
par  Sud éducation 66

Le 18 août 2006, la CIMADE nous informe de la création, par le ministère de l’Intérieur, d’un fichier regroupant des données à caractère personnel sur les étrangers en situation irrégulière sur le sol français. Elle évoque « une véritable atteinte aux libertés individuelles » et annonce qu’elle contestera cette décision devant le Conseil d’Etat.

Ce fichier, baptisé ELOI, a été créé par un décret du ministère de l’Intérieur publié vendredi 18 août 2006 au Journal Officiel (n° 190). Son but est, « dans la lutte contre l’immigration clandestine, de faciliter l’éloignement des étrangers se maintenant sans droit sur le territoire par la gestion des différentes étapes de la procédure d’éloignement », selon le décret publié au JO.

Le fichier regroupe trois types de données. Celles « relatives à l’étranger en situation irrégulière » (identité, date et lieu de naissance, nationalité, photographie...). D’autres concernant la personne hébergeant un clandestin assigné à résidence (nom, prénom, sexe, adresse). Enfin, celles relatives au visiteur d’une personne étrangère placée en rétention administrative (nom, prénom, adresse complète). Ces données seront conservées dans le fichier ELOI pendant trois ans à partir de la clôture du dossier de la personne concernée. Elles seront accessibles aux agents centraux du ministère de l’Intérieur, à ceux des services préfectoraux chargés de la procédure d’éloignement, ainsi qu’aux services de police et de gendarmerie. Pour la CIMADE, ELOI va diminuer « la possibilité d’accès, pour les étrangers retenus, à des droits élémentaires » tels que le maintien de liens familiaux. En outre, les possibilités autres que la rétention administrative « vont être drastiquement réduites du fait du fichage des hébergeant, et des possibles poursuites pénales qui pourraient découler de ce fichage ».

Baptisé en l’an 588, Eloi fut conseiller de Clotaire puis ministre de Dagobert ; une anecdote illustrant sa détermination est rapportée ainsi :

Un jour, afin de ferrer plus à l’aise le sabot d’un cheval rétif, il lui aurait coupé une patte, l’aurait placé sur son enclume et l’aurait rajusté (c’est-à-dire ferré) ensuite sans difficulté. On ne dit pas ce qu’il advint du cheval mais on peut supposer que le pays berceau des droits de l’homme et du citoyen, s’il se laisse amputer de ses valeurs humanistes par un ministre présidentiable, ne manquera pas, à la première “bonne et juste” occasion, d’envoyer ses propres concitoyens à l’abattoir. Soyons optimistes mais restons “rétifs” à ceux qui veulent diminuer de nos vies les notions d’espoir et de dignité de la solidarité humaine.

Le bon St Eloi, lui dit :
« Oh ! Mon Roi ! Votre Majesté est fils d’immigré !
– C’est vrai, lui dit le Roi, mais ça fait des dizaines d’années ! »

Francis Maury