Retraite et progrès social

vendredi 7 juin 2013
par  Sud éducation 66

Le progrès social a permis d’abolir les plus violentes exploitations des travailleurs, puis de leur permettre de travailler de moins en moins sur l’ensemble de leur vie. Chaque acquis a nécessité d’imposer un rapport de force pour l’obtenir. Aujourd’hui, rien ne justifie de revenir en arrière, d’imposer de travailler plus longtemps : ni l’augmentation de l’espérance de vie qui existe depuis plus de 2 siècles, ni le nombre plus important de retraité-es qui n’est que passager et que l’économie peut prendre en charge comme elle l’a fait dans le passé. Reculer l’âge du droit au départ en retraite serait une régression sociale inacceptable, alors qu’elle représente une juste conséquence du besoin de partager le travail et de laisser une place aux jeunes.

Le progrès social a accompagné l’histoire de l’humanité : il s’est traduit sur le long terme par de multiples avancées, parmi lesquelles l’abolition des formes les plus violentes d’exploitation des travailleurs (esclavage, servage), la diminution des accidents du travail.

La réduction du temps de travail est l’une des clés essentielles de ce progrès social. Elle s’est traduite sous différentes formes au cours des deux derniers siècles : suppression du travail des enfants, diminution de la durée journalière puis hebdomadaire du travail, création des congés payés, de la retraite, des RTT, allongement des études...

Au total, tandis que l’espérance de vie augmentait, le temps de travail a pratiquement été divisé par 2 depuis le début du XIXe siècle : 2695 heures par an en 1896 contre 1441 heures par an en 2004 (Husson 2009 « Un pur capitalisme »).

Chaque étape de ce progrès social, revendiqué par les salarié-es, s’est heurtée à l’opposition massive du patronat et des gouvernements qui défendent les intérêts des plus riches. Les mêmes arguments ont toujours été avancés : la fin du travail des enfants, la journée de 10h puis de 8h, les congés payés puis leur progression à 5 semaines, les 40 puis 35 heures, les
retraites à 65 puis 60 ans... allaient ruiner les entreprises et l’économie du pays.

L’Histoire a prouvé le contraire... par des luttes, parfois sanglantes, imposant un partage des fruits du travail, dans cette société inégalitaire. Cette réduction du temps de travail s’est au contraire accompagnée d’une très forte augmentation de la richesse par habitant (mesurée par le PIB, Produit Intérieur Brut, par habitant) : tandis que le temps de travail était divisé par
deux, cette richesse par habitant était en effet multipliée par 8 (soit 2% d’augmentation par an).

Ainsi, le même nombre d’actifs peut faire vivre un nombre croissant d’inactifs, tout en réduisant le temps de travail et en augmentant le niveau de vie. Cela a été rendu possible par les inventions techniques qui, lors de ces deux derniers siècles, ont (pour un salarié) multiplié la productivité horaire par 30, ce qui a permis de diminuer par 2 le temps de travail tout en multipliant par 16 la production d’un salarié. Un-e salarié-e d’aujourd’hui travaille deux fois moins, mais produit 16 fois plus que celui ou celle du début du XIXe siècle.

Et le progrès social continue  : le COR (Conseil d’Orientation des Retraites composé de membres du gouvernement et de représentants des partenaires sociaux), prend comme hypothèse une poursuite de la croissance de la productivité horaire évaluée entre 1,5 et 1,8% par an selon les scénarios, soit une légère baisse du rythme des deux derniers siècles. Cette croissance de productivité horaire ne signifie pas forcément croissance de la production (et épuisement des ressources limitées de la terre) : les gains de productivité horaire peuvent en effet être utilisés pour réduire le temps de travail, ou augmenter la part du
salaire socialisé (pour les dépenses de santé, retraite, chômage).
Mais aujourd’hui comme hier, le patronat ne redistribue pas de bon gré ces gains de productivité aux salariés : il a fallu, il faut et il faudra se battre pour cela.

Dans une société jamais aussi riche, le progrès social doit continuer, avec notamment un droit au départ à la retraite à 60 ans, avec 75% du salaire en ayant cotisé pendant 37,5 ans !
Si on avait écouté le patronat, les enfants travailleraient encore !

Pour réparer la lutte à venir, retrouvez l’intégralité du texte ainsi que trois autres fiches
d’information sur les retraites sur le site de Solidaires :

http://www.solidaires.org/rubrique415.html

L’Union Syndicale Solidaires.