Quid des dédoublements en collège et au primaire

lundi 18 janvier 2021
par  Sud éducation 66

Sarah Estime

Le lundi 2 novembre 2020, le ministère de l’Éducation nationale est parti du principe que nous devions reprendre le chemin de l’école, faisant fi de la situation sanitaire et des meurtres barbares attaquant directement notre liberté d’expression ainsi que le droit de culte en France.
Il nous a donc volontairement mis en danger sans nous donner de petits moyens pour lutter.
Les écolier·e·s, collégien·ne·s, lycéen·ne·s, enseignant·e·s, professeur·e·s des écoles ainsi que tout le personnel en lien avec l’institution scolaire ont donc obtempéré. En bref, rien n’avait été mis en place : pas de temps de concertation pour les enseignant·e·s ou alors à la carte en fonction du chef d’établissement. Comment reprendre les cours dans des conditions qui nécessitent une concertation certaine sur les conditions sanitaires ? D’autre part, comment pouvions-nous aborder simplement des sujets sensibles en lien avec la laïcité, alors que le plan Vigipirate « alerte attentat » avait été mis en place d’urgence, sans nous octroyer un vrai temps de préparation ?
Heureusement que les gens sont de bonne volonté. De bonne volonté, certes, mais pas prêts à tout accepter non plus. On a donc vu, petit à petit, partout dans la France, des enseignant·e·s exercer leur droit de retrait afin de protéger les élèves et tout le personnel. Qu’a fait le gouvernement ? Il s’est tu dans un premier temps pour ensuite accorder aux lycées des dédoublements car, c’est un fait, les classes sont surchargées – environ 35 élèves par classe – et les lycéen·ne·s ont des options qui font que « limiter le brassage » n’est décemment pas possible.
Une question parmi tant d’autres demeure : qu’en est-il des collèges et écoles primaires ?
Le mardi 19 novembre, lors d’une entrevue entre les porte-paroles des syndicats et le DASEN des Pyrénées-Orientales, voilà ce qui est ressorti :
Les écoles ne sont pas surchargées. Dans les PO nous avons tous la chance d’avoir des classes de peu d’élèves. Les enseignant·e·s et professeur·e·s des écoles n’ont donc pas de soucis à gérer les gestes barrières, le port du masque et la sécurité générale, car ils ont la grâce de n’avoir au maximum que 27 élèves par classe. Doit-on réellement rappeler qu’il nous arrive d’avoir des classes de 31 élèves ? Voyez-vous une grande différence avec les effectifs du lycée ?
D’autre part, les PO sont peu concernées par la Covid. Il n’y aurait que 35 cas avérés tous établissements confondus. Tout laisse à penser que le microcosme scolaire a trouvé une parade à la Covid alors que nulle part ailleurs cette allégation n’est confirmée.
Pour finir, et le DASEN local le tient de source sûre : les enfants de six ans et plus n’ont aucun problème à porter le masque toute la journée et à respecter scrupuleusement le protocole sanitaire qui, soit dit en passant, ne doit être applicable strictement “qu’autant que faire se peut.”
Ce fut une entrevue fort instructive qui nous laissa coit·e·s car il nous a été donné à entendre que la réalité des professeur·e·s des écoles et des enseignant·e·s de collège n’était pas celle que nous connaissions ni vivions au jour le jour. L’impression de vivre dans une dystopie faite réalité n’était donc qu’une vue de nos esprits et nous sommes tous atteints du même mal : un point de vue collectif erroné.
Chanceux que nous sommes, certain·e·s gardent la tête froide et gèrent la situation d’une main de maître. Ce qui signifie que, parce qu’à l’école primaire et au collège les élèves sont encore trop jeunes et trop peu autonomes, nous ne pouvons pas dans l’urgence penser des dédoublements. Car honnêtement, cela demande des gens prêts à réfléchir dans l’urgence à comment déployer des moyens tant matériels qu’humains. Pourquoi créer de l’emploi et fournir des espaces supplémentaires dédiés à l’apprentissage là où on peut juste se replier sur de la mauvaise foi ?