"Quand les Barricades désignent les Réformes, les Moutons ne voient que les Barricades..."

vendredi 2 janvier 2004
par  Sud éducation 66

En mai-juin dernier, à la demande du président et des profs afin de sauver l’université de Perpignan, notre fac a rejoint le mouvement social des membres de l’éducation nationale et du service public contre les réformes libérales touchant la décentralisation et les retraites. Mais notre faculté a aussi fait grève contre les réformes « Lang-Ferry ». Le système du LMD-ECTS implique une remise en cause du caractère national des diplômes et une volonté de renforcer la sélection entre les cycles d’études. La loi de « modernisation des Universités » induit une concurrence malsaine entre les facs et une arrivée du Patronat totalement néfaste puisqu’il a va se servir des étudiants comme d’une masse de travailleurs. Cette lutte, relayée par une vingtaine d’universités n’a obtenu que le report de cette loi mais n’a pas pu empêcher l’arrivée des LMD-ECTS.

En novembre-décembre, une cinquantaine de facs ont décidé de défendre l’enseignement supérieur « à la française ». Malheureusement, cette grève a été sabotée par l’UNEF et le SNES-SUP qui officiellement ont appelé à la grève mais officieusement ne voulaient qu’une simple (re)négociation avec ce gouvernent (chose obtenue en passant…).

En ce qui concerne Perpignan, le constat est navrant : sur 6000 étudiant, il n’y a qu’une cinquante qui ont pris position clairement face à ces Réformes : la lutte… Le reste du troupeau estudiantin a préféré regarder TF1 lors des Assemblée Générale, a voté contre le blocage des cours ou a voté les piquets sans y participer activement.

Mais ce qui peut choquer le plus quand on comprend le but des ces réformes (privatisation de l’école), c’est le manque de courage de la part des enseignants (qui eux n’ont pas répondu à notre appel). Ces anciens admirateurs du « Grand Soir » et de Mai 68 n’ont pas voulu prendre ouvertement position afin de ne pas heurter leur hiérarchie. Un seul professeur nous a suivi plus qu’activement, une dizaine ont participé à notre manifestation (200 personnes dans la rue), plusieurs profs qui sont sûrs que le gouvernement UMP est en train de réaliser un « Crime contre l’Ecole », nous ont affirmé que la solution sera de voter social-traitre lors des prochaines élections. Enfin quelques profs (des Maîtres de Conférence de droit(e) pour ne pas les citer) ont demandé à leurs étudiants de ne pas nous rejoindre car nous étions des « terroristes » de la pensée ou des personnes en « difficulté scolaire » ou voire pire, en faisant des menaces sur les partiels si leurs étudiants participaient au mouvement. Merci le SNES-SUP (dans son ensemble) pour sa non-activité syndicale au sein de notre fac. Un appel à la grève d’une journée, même pas suivi par des adhérents de cette FSU (version universitaire) [ça ne vous rappelle rien ???] De toutes façons, quand dans ce syndicat l’on trouve le président et le vice-président de la fac, on peut comprendre que la lutte est un petit peu biaisée…

Parlons-en de notre Président… Quand le Comité de Lutte fait une action, elle le fait avec l’accord d’une AG étudiante décisionnelle. Mais quand monsieur Feral démonte une barricade et bouscule plus que violemment ses élèves, a-t-il une légitimité ??? Peut-être celle, à la rigueur, du ministre de l’intérieur monsieur Nicolas Sarkozy… Paraît-il qu’il s’est senti otage et prisonnier dans son Université (elle a dû vraiment être terrible sa captivité…) L’année dernière, il a appelé les flics pour enlever une barricade, cette année il le fait lui-même. On n’est jamais mieux servi que par soi-même dans ce genre de circonstance…

Pour finir, nous voudrions remercier les étudiants de Perpignan. La première catégorie pourrait s’appeler le troupeau : des étudiants inconscients face au danger ou qui n’ont pas eu l’audace d’oser et de vaincre. Vous avez prouvé à la Bande à Chirac que vous n’être que des bœufs (il avait finalement raison le Général de Gaulle), mais aussi au Clan du Baron Seillière que vous ne serez qu’une paire de bras dans cette société libérale.

Enfin voila la conclusion encourageante : une vingtaine de personnes ont osé, vraiment. Merci donc à toutes les personnes du Comité de Lutte (celles du printemps et de l’automne) d’avoir effectué un travail quotidien afin de tenter de dire « non » à monsieur Ferry… Grâce à votre mobilisation, le ministre de l’éducation a une nouvelle fois reculé concernant la loi de « modernisation ».

Nous donnons donc rendez-vous en mars 2004 à toutes les étudiantes et étudiants, professeurs, IATOSS de se retrouver et de se regrouper pour afin montrer aux libéraux au pouvoir que nous rejetons « leur idéal » et nous la combattrons.

Une autre université, pour une autre société…

SUD Etudiant