Profs contractuels : quand précarité rime avec inégalités...

vendredi 14 mai 2004
par  Sud éducation 66

Le développement de la précarité dans l’Education nationale est une réalité : à ce jour, il y a 785 contractuels dans l’académie. 110 assurent des suppléances / remplacements et 675 occupent des postes à l’année (sur postes vacants ou sur Bloc de Moyens Provisoires dits BMP). 785 collègues dont la situation professionnelle est encore moins enviable que celle des anciens maîtres-auxiliaires...

Le recrutement

Le rectorat dit privilégier les anciens contractuels. Ceux-ci doivent remplir au mois de février une « fiche de positionnement » (!) pour exprimer leur vœu d’être réemployés ou non. La fiche comporte l’avis du chef d’établissement et éventuellement celle de l’IPR s’il y a eu inspection. Si l’un des deux avis est défavorable, il n’y a pas réemploi.

Les nouveaux doivent faire acte de candidature sur le serveur académique entre janvier et mars. D’après le rectorat, plus de 5000 candidatures l’an dernier ! Les IPR examinent les dossiers et font éventuellement passer des entretiens (variables selon les matières. Dans ce domaine là comme dans d’autres, il n’y a pas de procédure figée...).

Le salaire

La rémunération de base est celle de l’indice 340 mais « en fonction de l’offre et de la demande » (dixit le représentant du rectorat), elle peut varier en fonction des disciplines et des lieux géographiques si le rectorat a du mal à recruter sur tel poste ou telle matière (là aussi, pas de règle, sauf celle de l’offre et de la demande...).

Cela donne des situations limites : par exemple, dans un lycée de Lozère, deux contractuels n’ont pas le même salaire dans la même matière car le premier a accepté les conditions de base mais devant la difficulté de recruter pour le deuxième poste, le rectorat a revalorisé le contrat de celui-ci...

Autre problème : le salaire n’est pas le même en fonction des académies. Celles de Toulouse et de Créteil partent sur la base de l’indice 348, par exemple, qui correspond à l’indice de début de carrière des certifiés. C’est important car cela permet de prendre en compte l’ancienneté des contractuels de ces académies et donc de les reclasser en cas de réussite à un concours interne. Avec l’indice 340, ce n’est pas le cas des contractuels de l’Académie de Montpellier ! La raison invoquée par le rectorat est que des conditions trop « favorables » attireraient les contractuels d’académies plus au Nord vers Montpellier. C’est un argument qui ne tient pas, car les académies de Marseille et Toulouse offrent de moins mauvaises conditions d’emploi que celle de Montpellier et elles ne sont pas « submergées » par les contractuels du Nord qui, de toutes façons, n’ont pas de garanties de réemploi.

Enfin, il n’est pas prévu par le rectorat que la nomination des contractuels, qui démarre fin juillet, soit examinée en commission ou formation paritaire, après le mouvement des titulaires du second degré.

L’inégalité est donc le maître mot du « statut » précaire des contractuels : entre académies, à l’intérieur de l’académie et dans la procédure de nomination par rapport aux autres personnels d’éducation.

Alain Pinol & Michel Autès, élus SUD éducation de l’Académie de Montpellier (CAPA)