Précarité dans l’Éducation nationale, où en est-on ?

lundi 2 octobre 2017
par  Sud éducation 66

Laurence Vidal

Résumé du très complet support de formation concernant les personnels précaires de l’Éducation nationale :

Qui sont les personnels précaires de l’Éducation nationale ? La liste est longue : enseignant·e·s non-titulaires des 1er et 2nd degrés, du supérieur, du privé ; surveillant·e·s ; AVS ; aides administratives ; agent·e·s d’entretien, agents techniques ; CUI (contrat aidé) ; AED ; AESH…

Les contrats et les fonctions se multiplient, et il est difficile pour les collègues et les militants de s’y retrouver. On peut y voir un effet de la politique d’austérité, qui grappille tous les contrats possibles du moment qu’ils coûtent peu ; mais aussi une volonté de l’État de diviser pour mieux régner.

Une quinzaine de plans de titularisation se sont succédé depuis 1946 sans jamais mettre fin à l’emploi de non titulaires dans la Fonction publique et encore moins dans l’Éducation nationale.

Trois phases principales : la loi Le Pors en 1983-84, la loi Perben en 1996 et la loi Sapin en 2001, et dans la même veine la transposition de la directive européenne instaurant les CDI de droit public en 2005. Pourtant les plans de résorption de la précarité se succèdent sans succès depuis des années : reste 1 personnel précaire sur 5 dans l’Éducation nationale. En réalité, il s’agit de plans de résorption partielle. Il suffit d’observer de près les conditions requises pour accéder à la titularisation pour comprendre que la résorption de la précarité est loin d’être une volonté gouvernementale : « justifier d’au moins deux mois d’exercice au cours de la période d’un an précédant le 10 juillet 2000, des diplômes requis aux concours externes, d’une durée de service effectif de trois ans d’équivalent temps plein au cours des huit dernières années » ou encore « être en fonction à la date du 14 mai 1996, avoir les diplômes requis pour les concours externes, justifier de quatre ans d’équivalent temps plein au cours des huit dernières années », etc. Bref, autant de contraintes réduisant le nombre de personnels titularisés à peau de chagrin et toujours plus de précaires embauchés et parfois oubliés du jour au lendemain comme en septembre 1995 où 15000 Maîtres Auxiliaires au chômage ont vécu des situations catastrophiques. Après des années de services rendus dans l’Éducation nationale, ils se sont retrouvés à la rue, avec un manque de reconnaissance et un mépris total de l’administration. Sans compter que chez les personnels enseignants non-titulaires, les femmes sont presque deux fois plus nombreuses (26979 femmes contre 15735 hommes). Même si ce chiffre peut s’expliquer en partie par une forte féminisation de la branche, la proportion demeure inacceptable.

Le vivier de précaires se reconstitue de manière cyclique. Se battre pour améliorer les conditions de travail des femmes et des précaires, c’est se battre pour toutes et tous. C’est aussi se battre pour les élèves qui, rappelons-le, reçoivent parfois des enseignements de personnels non-spécialistes car les rectorats n’hésitent pas à envoyer des contractuels en français pour enseigner l’histoire-géo ou des spécialistes des sciences physiques pour enseigner les maths, etc. Imaginez le désarroi de ces personnels appelés la veille de leur prise de fonction lorsqu’on leur annonce qu’ils devront enseigner les arts plastiques alors qu’ils ont un master de lettres. Imaginez encore le mépris légitime des élèves qui perçoivent parfois que leur enseignant n’a pas reçu la formation nécessaire à l’enseignement qu’il dispense et, dans ce cas de figure, leur colère et celle de leurs parents, et le mal-être du prof démuni.

SUD éducation rappelle donc son mot d’ordre :

TITULARISATION SANS CONDITION DE TOU·TE·S LES PRÉCAIRES DANS LEUR DISCIPLINE DE PRÉDILECTION !