Parcoursup, une manne pour le privé

lundi 18 juin 2018
par  Sud éducation 66

Matthieu Faure

Le libéralisme économique a horreur du vide. Sans attendre le 22 mai et les premières réponses des algorithmes Parcoursup, machine à tri social au service de la contre-réforme de l’éducation, des entreprises privées y ont vu un bon moyen de gonfler leur chiffre d’affaires. Les inquiétudes générées par la saisie des vœux ont permis à des sociétés de coaching et de conseils en orientation de tirer leur épingle du jeu. Si elles ne se sont pas créées pour l’occasion, celles qui existaient déjà ont vu, selon leurs dires, leur chiffre d’affaires augmenter, pour certaines, de 30 %. A partir de 98 €, l’élève a droit à un atelier de 3 heures en groupe réduit. En déboursant quelque 560 €, on lui propose jusqu’à la gestion intégrale de son dossier, depuis la définition du projet d’étude jusqu’à l’inscription sur la plate-forme Parcoursup, en passant par la rédaction de la lettre de motivation. Rajoutez 350 € et il aura droit en plus à des séances de conseils en orientation. On ne pourrait y voir qu’un opportunisme des acteurs privés face à l’insécurité générée par cette contre-réforme si ceci n’était pas accompagné de la fermeture des CIO et du transfert de ses compétences aux régions. Il y a fort à parier que les régions vont rapidement déléguer toutes ces missions à ces entreprises, ce qui achèvera, à terme, le service public de l’orientation.
Une fois les résultats de Parcoursup tombés, là encore, les formations privées s’en donnent à cœur joie. Si certaines n’ont pas attendu le 22 mai pour inciter des candidats anxieux à rejoindre un cursus payant afin d’anticiper un éventuel refus de la plateforme, la plupart font actuellement une campagne de communication de grande ampleur pour séduire les déçus de Parcoursup. Le hashtag #horsParcoursup a un immense succès sur les réseaux sociaux et conduit à tout un tas de formations payantes post-bac. Des pubs y fleurissent pour expliquer aux futurs étudiants qu’ils « valent mieux qu’un refus » et peuvent compter sur une formation dont la porte leur est ouverte, moyennant finance.

On comprend ainsi comment Jupiter et ses sbires comptent s’y prendre pour offrir l’éducation au privé, en commençant par le supérieur et le conseil en orientation dans les lycées. L’école n’a jamais été aussi près de devenir une marchandise…