DU CÔTÉ DES SANS-PAPIERS...
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Jeudi 12 janvier 2006, un extrait d’interview de Sarkozy était diffusé aux informations de 13h00 d’une radio du Service Publique. Il y déclarait qu’en 2006, il comptait atteindre le chiffre de 25 000 expulsions (estimé à 20 000 pour l’année écoulée). Il y annonçait aussi qu’il avait l’intention de restreindre les conditions d’accès au rapprochement familial. Bref, encore une fois, le gouvernement frappe un grand coup et dans l’indifférence quasi-générale. Force est de constater que, malheureusement, ce genre de déclaration ne surprend plus grand monde…
Sur les Pyrénées-Orientales, comme ailleurs, le centre de rétention ne désemplit pas. La préfecture s’en donne à cœur joie et continue son triste travail. La mobilisation reste toujours faible. Il est, entre autre, très dur de faire circuler correctement l’information. De plus se mobiliser signifie aussi pouvoir agir et réagir dans l’urgence. Dans notre département coexistent désormais deux structures qui « inter-agissent ». Or, plus que jamais, c’est une lutte où il faut au maximum rester soudés.
Le comité de soutien aux sans-papiers continue son travail et se réunit tous les lundi à partir de 18h00 (actuellement au local de la C.G.A., rue Théodore Guiter à Perpignan), comme il l’a toujours fait depuis septembre 2002. La fin de l’année 2005 a vu émerger, un peu partout en France, l’institutionnalisation des Réseaux Education Sans-Frontière. A Perpignan cette structure vivait déjà, depuis plus d’un an, à travers l’action menée par différentes organisations et personnes individuelles faisant partie du comité de soutien aux sans-papiers. Une partie du travail consistait, par exemple, à interpeller la préfecture sur le sort de jeunes scolarisés sans-papiers.
D’autres personnes et organisations ont fait le choix de s’associer à ce réseau et de le rendre plus « visible ». Il se réunit environ une fois par mois et travaille plus spécifiquement sur le sort réservé par nos institutions aux jeunes majeurs scolarisés sans-papiers. Un rassemblement aura lieu le mercredi 1er février 2006, à 14h30, devant la Préfecture. Par ailleurs différents juristes et militants spécialistes du droit des étrangers viendront à l’Université le samedi 11 février 2006 de 14h00 à 18h00 pour une formation ouverte à toute personne souhaitant y participer. Dans chaque établissement scolaire du second degrés il devrait désormais y avoir une personne référente. Tout jeune en situation irrégulière devrait pouvoir s’adresser à elle afin qu’elle fasse circuler l’information au sein du réseau et mobilise au plus vite l’aide nécessaire.
Bref, on cherche à mettre en place le maximum d’outils pour faire circuler l’information si un jeune scolarisé est menacé d’expulsion.
Agir au plus vite… Réagir au plus vite… N’est-ce pas ce que nous devrions parvenir à faire pour toute personne menacée d’expulsion, scolarisée ou non ? Car qu’est-ce que la question des jeunes scolarisés sans-papiers, si ce n’est une des déclinaisons de l’absurde logique administrative dans laquelle se trouve toute personne en situation irrégulière ? Un jeune scolarisé est tout autant victime qu’un autre sans-papier, homme, femme, célibataire ou non, …, de la précarité, de l’exploitation, de la peur, bref de l’acharnement législatif qui n’a cessé de se durcir au fil des années. Bouger pour un élève sans-papiers fait partie du même combat que la lutte pour la régularisation globale de tous les sans-papiers. Personne n’est illégal !
Ariane Augé