La grève générale et reconductible à partir du 5 décembre ? Une question de survie !

lundi 30 mars 2020
par  Sud éducation 66

Christopher Pereira

Il n’est plus supportable de perdre sa vie à la gagner !
Le suicide de notre collègue Christine Renon a mis au jour les difficultés auxquelles les personnels de l’Éducation nationale sont confrontés. Ces conditions de travail de plus en plus dégradées, au-delà de mener à une réelle souffrance quotidienne, aboutit parfois aux gestes les plus funestes. Et maintenant, quoi ? Après une carrière entière de travail dans l’Éducation nationale, toujours mal considérés, tant du point de vue salarial que social, voilà qu’on nous sabre notre retraite ? Il n’est plus possible d’accepter de telles attaques sociales qui visent non seulement les services publics mais l’ensemble de la société tout en protégeant les privilégiés !

Des retraites en moyenne 30 % inférieures avec la nouvelle réforme

Le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, l’a encore récemment affirmé sur France Info : les professeurs perdront 30 % de leur pension de retraite avec sa réforme. Il y avait pourtant, jusqu’à maintenant, un accord tacite. Le corps enseignant recevait, durant l’ensemble de sa carrière, un salaire plus faible en moyenne pour leur qualification que d’autres personnels de catégorie A mais, en compensation, la pension de retraite était calculée sur les salaires des six derniers mois c’est-à-dire les meilleurs. Il était ainsi possible de passer sa fin de vie avec un revenu correct. C’est cela qui est balayé d’un revers de main alors même que notre pouvoir d’achat baisse d’année en année et que le point d’indice est gelé depuis des temps immémoriaux. Passer d’une pension de 2000€ par mois à une retraite de 1300€ par mois, ça fait mal ! Et cette baisse de 30 % n’est qu’une moyenne ! Les carrières en dents de scie, les arrêts pour maladie, les congés maternité, les temps partiels impacteront gravement nos pensions, en particulier celles des femmes. Travailler toute sa carrière pour un ministère qui ne nous réserve qu’un minimum vieillesse, c’est tout simplement inacceptable !

Des conditions de travail toujours plus insupportables

58 suicides durant l’année scolaire 2018-2019. 11 suicides depuis la rentrée de septembre. Sans compter les arrêts maladies pour cause de souffrance au travail. Les personnels sont à bout. L’institution demande toujours plus avec moins de moyens et compte sur la bonne volonté et le sens de l’engagement des personnels pour sauver les apparences et masquer la dégradation du service public d’éducation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ce n’est plus possible. La liste est longue : gel du point d’indice, suppressions de postes, jour de carence, Parcoursup, heures supplémentaires obligatoires, suppressions des commissions paritaires, formations pendant les vacances, pas de médecine du travail, classes surchargées, emplois précaires, bâtiments délabrés… Inutile d’être exhaustif, ces conditions de travail, nous les vivons au quotidien et en subissons les conséquences. Elles impactent gravement la réussite des élèves et la santé des travailleurs.

Un projet idéologique de casse du service public

Cette casse de l’Éducation nationale, et plus généralement de tous les services publics, s’inscrit dans une logique néolibérale capitaliste d’attaque de tous les conquis sociaux, dont l’objectif est de défendre les privilèges des plus riches. Il faudrait, selon cette logique, faire des économies mais uniquement sur le dos des travailleurs. Ainsi, selon Les Échos, le déficit des retraites serait estimé entre 8 et 17 milliards en 2025. Pareil pour la Sécurité sociale : le déficit atteindrait entre 1,7 et 4,4 milliards d’euros. Au total, pour la fourchette haute, un déficit total de 31,4 milliards. Or, pour l’éviter, il n’y aurait d’autre solution pour le gouvernement que de taper sur les retraites, taper sur la Sécu, taper sur les fonctionnaires, au sens propre comme au figuré, quand on voit comment s’exerce la répression policière à la moindre manifestation ! Ils peuvent donc s’asseoir sur le dégel du point d’indice, sans parler d’une quelconque augmentation ! Augmenter les enseignants coûterait, selon Macron, 10 milliards « pris sur nos impôts ». Mais n’y a-t-il point d’autre solution ? Un seul chiffre : selon une enquête de Cash Investigation, le CICE a fait un cadeau de 100 milliards d’euros aux grands patrons et, le tout, sans contreparties. Cet argent ne vient pas de nulle part. C’est de l’argent public qui appartient au peuple et qu’on lui retire. Il n’est pas tolérable d’en être spolié ! Sans parler des 70 milliards de fraude fiscale qui s’évaporent tous les ans ? Pour les récupérer, il faudrait embaucher aux Finances publiques… Quelle drôle d’idée !

La grève du 5 décembre a comme objectif de sauvegarder notre système de retraite par répartition, c’est-à-dire un système fondé sur la solidarité. Mais il s’agit aussi de se battre pour construire une société solidaire, contre l’individualisation forcée qui accentue la compétition entre les personnes et leur précarité. Cette grève s’annonce difficile et longue… La reconduction est inévitable… Nécessaire… Tout comme le sont des conditions de travail et de vie dignes pour nous tous, tout au long de notre existence !