SERVICE PUBLIC ET PERSONNEL DE L’ÉDUCATION NATIONALE EN DANGER

dimanche 11 mars 2007
par  Sud éducation 66

DISPARITION PROGRAMMÉE DU SERVICE PUBLIC D’ORIENTATION

Dégradation des conditions d’accueil et de travail dans les CIO : baisse des budgets de fonctionnement (qu’ils soient gérés par l’état ou par les conseils généraux), regroupement et/ou fermeture de CIO (tels que le CIO spécialisé jeunes handicapés de Paris), suppressions de postes administratifs, baisse des frais de déplacement des personnels.

Conseiller d’orientation psychologue, un corps à l’abandon : baisse continue des recrutements (divisés par cinq depuis 2003 :de 259 en 2003, on passe à 50 annoncés pour 2007) alors que des départs massifs à la retraite sont attendus pour les années à venir (environ 300 départs par an, la moitié de la profession ayant plus de 50 ans).

L’ONISEP en voie de privatisation : l’Office National d’Information sur les Enseignements et les Professions multiplie les partenariats, que ce soit pour ses publications ou pour des manifestations diverses, avec les fédérations patronales et avec des officines du secteur privé.

L’objectif visible à court terme c’est l’externalisation, pour sa majeure partie, de la mission d’orientation, soit par la décentralisation (les présidents de région réclament maintenant la compétence en matière d’orientation), soit par la privatisation avec pour conséquence inévitable la soumission de l’orientation aux impératifs du marché du travail. Le peu qui restera encore à la charge de l’état sera assuré par les professeurs principaux (qui n’ont pas été spécifiquement formés pour cela), ce qui alourdira encore leur charge de travail.

LES SEGPA - SECTION D’ENSEIGNEMENT GÉNÉRAL ET PROFESSIONNEL ADAPTÉ : SUPPRESSION DES GROUPES A EFFECTIFS RÉDUITS

Le gouvernement ne recule vraiment devant rien pour récupérer des postes, supprimer des emplois, réduire les coûts : dans ces classes destinées à des jeunes en grandes difficultés scolaires, l’effectif était plafonné à 16 élèves, et les activités professionnelles en atelier fonctionnaient par groupes de 8. Ce dispositif ouvrait une voie de réussite et permettait à ces jeunes de s’insérer dans le monde du travail.

Ces dédoublements seront désormais supprimés, et à terme, c’est l’existence même de ces classes qui est menacée.

DÉCRET D’EXPÉRIMENTATION DES EPEP (ÉTABLISSEMENTS PUBLICS D’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE)

Les EPEP pourront être créés sur demande des communes ou communautés de communes, avec accord de l’I.A. On regroupe les écoles pour mutualiser les moyens pédagogiques et financiers dans le cadre d’un conseil d’administration.

La « rationalisation » des moyens conduira à un regroupement des classes, des écoles, et, à terme, à la disparition des écoles rurales.

Le CA de 10 ou 20 membres suivant le nombre d’écoles, composé à 50% ou de représentants des collectivités locales, de 30 à 40% d’enseignants et 10 à 20% de parents, présidé par un élu local, sera principalement chargé d’établir et gérer le budget, les contrats et les conventions. Un « super-directeur », nommé par l’IA, exécutera les décisions du CA, recrutera le personnel non-enseignant, présidera le conseil pédagogique.

Le conseil pédagogique, où seuls les directeurs siègeront, déterminera la politique pédagogique des classes. Il établira un bilan des résultats dans chaque école, chaque classe.

Les professeurs d’école perdent la maîtrise pédagogique de leur classe, et seront soumis à une obligation de performance, c’est-à-dire de rentabilité. En outre, placés sous la tutelle directe des collectivités territoriales, pourquoi les personnels resteraient-ils dans la fonction publique d’État ?

Casser les statuts, rentabiliser l’école :
voilà la finalité des EPEP

L’ENSEIGNEMEMENT DES LANGUES VIVANTES COMME TERRAIN D’EXPÉRIMENTATION

« Plan de Rénovation des Langues vivantes ».
Cadre Européen Commun de Référence en Langues

Réduire l’apprentissage à l’acquisition par les élèves de compétences immédiatement exploitables sur le marché du travail. C’est un appauvrissement de l’enseignement des langues vivantes et sa soumission aux exigences du marché.

Faciliter l’intrusion du privé dans l’enseignement public et la remise en question du diplôme national : en effet sera mise en place une certification en partenariat avec des organismes internationaux privés.

Mettre en concurrence des établissements, des langues et donc des enseignants : dans l’esprit de la LOLF (Loi Organique relative aux Lois de Finances), chaque établissement disposera d’une dotation globale en langues et pourra la répartir à son gré. Sous prétexte de « rationaliser », les groupes de langue de moins de 15 élèves seront supprimés. Les langues moins utilisées au plan international seront ainsi menacées de disparaître de la plupart des établissements, tout en étant conservées par quelques établissements privilégiés.

Mettre en place une hiérarchie intermédiaire parmi les enseignants, avec la création dans chaque établissement d’un « département des langues », destiné, sous le contrôle du chef d’établissement, à répartir la dotation, organiser les enseignements et les partenariats avec les organismes privés.

Ces objectifs, donnent une idée précise de l’avenir des autres enseignements, en particulier par la création des « Conseils Pédagogiques » à tous les niveaux.

IUFM - FORMATION DES ENSEIGNANTS

Rentabiliser les stagiaires pour pallier le manque d’enseignants :
Dans le primaire, pour assurer dès la rentrée, sans aucune formation préalable, la décharge hebdomadaire de directeurs d’écoles. Dans le secondaire, le nombre d’heures d’enseignement à assurer par les stagiaires est doublé.

Finalité de l’Education Nationale : adapter les élèves au monde du travail en limitant les ambitions de la formation, en la cantonnant au « socle commun ». Ainsi le professeur stagiaire, devrait effectuer un stage de trois semaines en entreprise. Pas de précisions dans le cahier des charges, sauf que ce stage serait nécessaire pour la titularisation !

Suppression du dossier national de validation : Une commission locale, à laquelle seraient associés directeurs d’écoles et chefs d’établissements, devra délibérer à la fin de l’année scolaire pour évaluer globalement le parcours du stagiaire. Sur quels critères ?

En bref, toujours plus « de terrain », moins de temps pour la formation et la réflexion, il s’agit d’infantiliser et de soumettre les enseignants aux pouvoirs locaux et économiques, de briser toutes leurs possibilités de résistance à la marchandisation de l’école.

MUTATIONS D’OFFICE : PAS D’AVANCÉE SIGNIFICATIVE

Depuis la rencontre intersyndicale avec le recteur le 20 novembre 2006, c’est le statu quo pour nos collègues mutées d’office hors département de recrutement alors qu’elles sortent de l’IUFM. Ce sont les « fameuses T1 ». Elles continuent d’effectuer de longs trajets sur simple décision administrative pour « boucher les trous » et colmater les brèches de la grande maison Education Nationale.

Nos collègues concernées sont toujours en attente de réponse immédiate. La priorité sur l’inéat-exéat n’est pas une réponse satisfaisante car leur retour dans notre département n’interviendrait qu’en septembre 2007.

Et que vont penser tous ceux et toutes celles qui demandent depuis des années leur mutation pour les Pyrénées Orientales par permutation informatisée ou par inéat ? Que les règles des CAPD sont bafouées ! Que « la règle du jeu » change sans arrêt ! Que leur retour n’est pas pour demain ! Surtout si cette pratique de mutation à la sortie de l’IUFM perdure et s’amplifie.

Des collègues en attente de mutation sont déjà plus d’une cinquantaine, m’a t-on dit, rien qu’en provenance de l’Aude…

Nous ne pouvons laisser le recteur jouer avec le personnel comme avec des pions sur un échiquier.

Sud Education 66 lui demande toujours la réintégration immédiate de ces « T1 » dans le département d’origine.

Sud Education 66 demande aussi qu’il soit accordé plus d’inéats dans les Pyrénées-Orientales que les années précédentes puisque les permutations n’arrivent à résorber les « embouteillages de collègues » aux portes du département !

AUDIT DES LYCÉES PROFESSIONNELS : RENDRE LES CONDITIONS DE TRAVAIL INSUPPORTABLES

Ce rapport s’inspire des techniques de gestion « modernes » des grandes entreprises privées : il se fonde sur une logique de gestion comptable ignorant totalement la spécificité du travail des enseignants et des élèves :

Premier objectif : « rationaliser » financièrement les capacités d’accueil.

En restreignant les dédoublements, alors que le travail en atelier nécessite des groupes à effectif réduit, en remplissant les classes au maximum, en regroupant les spécialités et en supprimant les spécialités à faible effectif, le rapport estime qu’on pourrait « accueillir environ 20 à 25 % d’élèves en plus » avec les mêmes moyens. Les économies à faire étant le seul critère retenu, les experts estiment qu’entre 7000 et 8500 emplois, soit 10 à 13% du potentiel d’enseignement en lycée professionnel, pourraient être récupérés.

Deuxième objectif : la flexibilité des personnels.

Le rapport dénonce les « lourdeurs statutaires » et le trop grand nombre de spécialités qui empêchent une flexibilité génératrice d’économies. Il préconise :

- L’élargissement des disciplines de recrutement et le développement de la bivalence pour les professeurs d’enseignements professionnels et technologiques ».

- L’annualisation des horaires des professeurs et l’alourdissement de la charge de travail, sous le prétexte de récupérer les périodes de formation en entreprise, alors que ces périodes nécessitent l’implication de l’enseignant pour préparer, suivre, évaluer et exploiter le travail des élèves.

Au total environ 12 000 emplois seraient ainsi appelés à disparaître.

LA MODIFICATION DES STATUTS DES PROFESSEURS DE LYCÉES ET COLLÈGES

Le ministre de l’Education applique aux décrets de mai 1950 relatifs aux obligations de services des enseignants du second degré et à nos statuts particuliers sa politique de déréglementation.

L’arbitraire se substitue à une réglementation nationale :

Le décret impose à tous les personnels, dans leurs statuts, « des actions d’éducation et de formation autres que d’enseignement », sans plus de précision. Le Recteur détermine ces actions, le chef d’établissement les met en œuvre. La remise en cause des qualifications, au profit de la notion fourre-tout de « compétence » facilite ce processus, en introduisant la polyvalence des enseignants.

Flexibilité géographique : les professeurs pourront exercer jusque dans trois établissements de la même commune ou de deux communes non limitrophes, au détriment de leurs conditions de travail mais aussi du suivi des élèves.

Charge de travail alourdie : les heures de décharges spécifiques, pour la gestion des labos, du matériel, disparaissent des statuts. L’attribution, éventuelle, d’heures relèvera de la compétence locale, et dépendra des moyens existants. L’heure de chaire, prévue pour compenser la charge de travail dans les classes à examens, disparaît pour beaucoup de disciplines. 30% au moins de ces heures seraient ainsi supprimées, l’équivalent de 3000 postes !

Les 3 heures consacrées à l’Association Sportive pourront être remplacées dans les services des professeurs par 3 heures d’enseignement. L’Association Sportive pourrait alors être mise à mal et même carrément supprimée, ceci au détriment des jeunes n’ayant pas accès aux clubs payants.

Après la casse du statut des personnels techniques et ouvriers de service (TOS), et de celui des surveillants, les récents projets s’attaquent à ceux des personnels enseignants.

Directives de l’union Européenne, décrets gouvernementaux, schéma régional d’éducation et de formation (SREF), s’appuient sur la notion de « mission de service public » pour gommer la différence public/privé.

Par la déréglementation, une stratégie globale d’éclatement et de privatisation du service public d’Education Nationale est en marche.