PUBLICATION ANNONCÉE DES RÉSULTATS AUX ÉVALUATIONS CE1 – CM2 : UN PAS DE PLUS VERS LA MISE EN CONCURRENCE DES ÉCOLES

mercredi 12 mars 2008
par  Sud éducation 66

D’après le journal numéro 46 de Sud Éducation Manche

Mis en place à la rentrée 2007, le protocole national d’évaluation diagnostique en CE1 et CM2 avait pour fonction annoncée de faciliter pour les enseignants le repérage et l’analyse des difficultés des élèves, ainsi que la mise en œuvre des aides à apporter.

Concernant l’évaluation CM2, les conclusions de l’expérimentation devaient « permettre de conduire les éventuels ajustements nécessaires en vue de la version 2008. » Et clairement, il y en avait bien besoin !

Or il ne s’agit plus de simples ajustements, mais d’un réel détournement de fonction : les tests sont bien en cours de modification, mais pour les rendre compatibles avec le « socle commun des indispensables » voulu par la loi d’orientation Fillon, et pour les centrer sur des objectifs préalablement fixés en matière de connaissances et de compétences. Ils devraient être passés non plus en début d’année, mais en milieu d’année. Ils permettront non plus de détecter des difficultés, mais de juger le niveau atteint, en fonction d’une définition très précise des connaissances qu’un élève doit avoir acquises en fin de CE1 et de CM2.

Cerise sur la bûche, Xavier Darcos a annoncé en décembre son intention de voir les résultats de ces évaluations publiés école par école, probablement sur internet et ce, dès l’an prochain. On connaissait déjà les palmarès d’établissements du secondaire, c’est au tour de l’école primaire d’entrer dans la course aux résultats. Facile d’imaginer, dans le cadre de la suppression de la carte scolaire, les conséquences d’une telle publication… Comble de l’ineptie, on sait aujourd’hui que la culture du résultat n’est aucunement efficace : la Grande Bretagne, dont s’est inspiré X. Darcos, a connu une nette dégringolade lors des dernières évaluations PISA. Selon le président du syndicat des chefs s’établissement : « Au mieux ce classement (des établissements) montre simplement où les riches vivent. Au pire, il démoralise des écoles qui travaillent dur pour apporter une éducation de qualité à des jeunes qui en ont été privés ».

Stigmatisation, accroissement des pressions sur les écoles et les enseignants, rendus seuls responsables du niveau des élèves, mesure exclusivement quantitative mais partielle des acquis : voilà la réponse ministérielle au problème de la difficulté scolaire.