MODIFICATION DU DÉCRET DE 1950

dimanche 11 mars 2007
par  Sud éducation 66

Le décret paru au Journal Officiel le 13 février modifiant les statuts des professeurs du second degré et qui suit les précisions apportées par le ministre paraîtra plus “modéré” que les projets ne le laissaient prévoir. D’aucuns pourront se sentir soulagés et penseront échapper pour cette fois au “travailler plus pour gagner moins” qui est l’idéal du culte du Veau d’or qui tient lieu de boussole à nos dirigeants.

Et pourtant, la principale disposition demeure. L’article 11 prévoit des heures de décharges pour l’encadrement de dispositifs pédagogiques particuliers, pour les responsables de disciplines ou de niveau, pour les formateurs d’enseignants. La responsabilité du choix d’accorder ses heures échoit bien évidemment au chef d’établissement et autorités supérieures. La suppression de l’heure de première chaire pour nombre de professeurs de lycée, la possibilité affirmée d’enseigner sur trois établissements de deux communes limitrophes, les suppressions de postes au concours montrent certes la volonté de faire des économies. Mais le décret maintient la distinction des horaires entre les professeurs agrégés et les autres, c’est-à-dire le surtravail pour ces derniers.

Aussi le sens du projet renforce-t-il l’autorité des chefs d’établissement. Ils pourront distribuer quelques récompenses à leurs zélés serviteurs qui, au gré des modes, plaideront pour telle méthode novatrice ou pour un sain retour à ce qui marchait pour quelques bourgeois il y a un siècle. Quant aux autres professeurs, réfractaires ou indifférents au pouvoir, ils devront subir cette autorité sans contrepoids. L’intérêt de l’élève en difficulté, surtout en difficultés sociales restera le principe apparent des prétendues innovations ; le principe réel quant à lui demeure “obéissez servilement”.

Avec cette distribution d’heures de décharges en fonction de la politique de l’établissement, c’est la fameuse autonomie des établissements, tarte à la crème libérale qui signifie : pouvoir non démocratique des petits chefs locaux. Et dès lors, la flexibilité ou l’employabilité s’introduisent progressivement dans l’éducation.

Il n’est jamais trop tard pour lutter. Encore faut-il ne pas se tromper d’objectif. En ce qui nous concerne, il ne peut être question de simplement conserver des “acquis” qui déjà instituaient la hiérarchie. Au contraire, une remise à plat des obligations de service en vue de réaliser le triple objectif de l’égalité entre tous les professeurs, des meilleures conditions de travail pour tous et la disparition de la hiérarchie sont des éléments de l’objectif d’émancipation humaine qui seul donne un sens à l’idée d’éducation.

Patrice Bégnana