LA CASSE DU STATUT COMMENCE PAR LA FORMATION INITIALE

mercredi 12 mars 2008
par  Sud éducation 66

Trois documents récents(1) laissent percevoir quelles sont les orientations possibles du gouvernement quant à la disparition des statuts. Il n’y a aucune mention des élèves : ce qui importe pour les auteurs de ces trois documents, c’est de proposer des solutions radicales de transformation du système, dans le cadre affirmé d’une harmonisation européenne.
L’objectif avoué : développer la concurrence.

Première étape : la formation

Création d’un master professionnel « métiers de l’Education et de l’Enseignement » au sein des universités, dont la 5ème année verrait les stagiaires (pardon, les étudiants) travailler à mi-temps pendant toute l’année scolaire dans les établissements scolaires, pour le plus grand bénéfice des finances de l’Etat. Il y aurait évidemment une sélection à l’entrée en master (les directeurs d’IUFM proposent même une double sélection, à l’entrée en master 1 puis à l’entrée en master 2, histoire de bien développer le bachotage).

Deuxième étape : le recrutement

A minima, ils proposent d’alléger les concours, de créer des CAPES bivalents, voire polyvalents (suite logique du Master des métiers de l’enseignement !), de régionaliser les concours du 2nd Degré.
Mais c’est insuffisant pour eux ; le rapport Pochard est explicite : on pourrait se passer de tout concours et se contenter de l’établissement d’une liste d’enseignants à recruter par l’instance locale (Rectorat, IA, BEC, circonscription du 1er degré, ce n’est pas très précis) parmi les titulaires du master, correspondant aux besoins (enfin, leurs besoins !). Ou même troisième hypothèse, la possibilité que les titulaires du master fassent acte de candidature auprès des établissements, circonscriptions, etc., et passent un entretien d’embauche (auprès du DRH ?). Il faudrait cependant, ajoute Pochard sans rire, fixer des règles nationales.

L’ouverture à la concurrence s’accentue puisque les ressortissants de l’UE titulaires d’un master pourront postuler aux postes d’enseignants en France.

Dans aucun de ces rapports, le de mot fonctionnaire d’Etat n’apparaît : sous quelles formes seront recrutés les futurs collègues ?
Probablement en CDI pour respecter l’harmonisation européenne.

Troisième étape : pas de formation, pas de statut

Mais ce n’est pas assez, et le rapport propose aussi le recrutement de « professeurs associés », recrutés pour une durée limitée, éventuellement à temps partiel, et sans aucune condition de diplôme. Le développement de la précarité, il est vrai que le Ministère le connaît déjà.

Le rapport Pochard préconise la promotion de jeunes issus des zones difficiles où les enseignants ne veulent pas rester, par l’attribution de bourses après la troisième (« On renforcerait ainsi le vivier d’enseignants issu de la promotion sociale et dont on peut espérer qu’ils constitueraient une population plus stable dans les académies fuies aujourd’hui par les néo-titulaires. ») Belle perspective pour les jeunes des ghettos de s’y voir confiner dans le rôle de grands frères pompiers.

Même si le recrutement par concours est imparfait, il permet un traitement égal des candidats et garantit l’accès à la fonction publique.
SUD Éducation, dans l’unité, appellera les personnels à se mobiliser devant toute remise en cause des statuts.

SUD Éducation
Commission Formation Initiale et Continue des Personnels

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(1) Il s’agit du rapport Pochard de janvier 2008 (chapitre II.3, comment recruter et former les enseignants) (http://media.education.gouv.fr/file/Commission_Pochard/18/8/Rapport_+_couverture_-_12-02-08_23188.pdf), du rapport Geoffroy d’octobre 2007 sur l’intégration des IUFM au sein des universités (http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/084000037/0000.pdf), et du texte de la Conférence des Directeurs d’IUFM de novembre 2007 intitulé certification, formation, recrutement pour les métiers de l’enseignement